Les acteurs de la riziculture des Hauts-Bassins étaient en visite commentée le samedi 04 mai 2024 dernier, dans la commune rurale de Bama. Cette visite a regroupé des participants composés de chercheurs de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), des membres de l’URCB, des Université Nazi Boni et de Dédougou, des étuveuses de riz et des producteurs (trices), sur les sites expérimentaux du projet PPU-Biochar.
Avec pour objectif de faire participer les producteurs (trices) de l’Union des Coopératives Rizicoles « Faso Djigui » de Bama (URCB) à l’animation des parcelles expérimentales, cette visite commentée a regroupé une soixantaine de participants composée de chercheurs de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), des membres de l’URCB, des Université Nazi Boni et de Dédougou, des étuveuses de riz et des producteurs (trices). Elle visait, aux dires du Dr Fatimata Saba, agro-pédologue à la Direction Régionale de Recherches Environnementales et Agricoles de l’Ouest, (DRREA-O), à partager avec l’ensemble des participants, les nouvelles techniques élaborées et appliquées sur les parcelles du site expérimental. Il s’agit de l’utilisation du biochar de balles de riz et du placement profond de l’urée. Au cours de l’activité, les organisateurs ont pu rappeler les objectifs visés par le projet ainsi que les contraintes relevées au cours des diagnostics focus groupes, avant de présenter les contraintes de mise en œuvre des activités dans les parcelles expérimentales au cours de cette campagne. « Cette visite commentée vise à expliquer aux producteurs (trices), le dispositif expérimental mise en place et présenter les contraintes de mise en œuvre des activités », dira le Dr Fatimata Saba. Selon elle, il est important de recueillir également les avis et commentaires des producteurs en vue de faire une évaluation communautaire des parcelles. La présente visite, première du genre, entre dans le cadre des activités du projet « Amélioration de la productivité du riz irrigué à travers l’utilisation du biochar de balles de riz et du placement profond de l’urée ».
Le biochar est fabriqué à base de résidus de riz. Il permet selon le Dr Saba, de maintenir ou stocker les fumiers et les engrais nécessaires pour les plantes ainsi que le co-compost, le NPK et l’urée.

Le choix des participants …
A l’issue des présentations faites par les organisateurs, la tendance est que la parcelle expérimentale ayant bénéficié de la technologie a séduit les participants. Selon eux, cela permettra d’engranger beaucoup de rendements, au vu de la physionomie des plantes. A les entendre, les épis sont normaux et bien remplis, cela avec moins de dépenses pour la production. « Nous connaissons désormais l’utilité du biochar, son mode de fabrication et d’emploi, le co-compost, les bonbons et autres fertilisants qui sont nécessaires pour une bonne production », dira M. Souleymane Traoré, président de la coopérative 3. Pour l’ensemble de participants, le son de cloche est le même ! Tout le monde est unanime que c’est une immense joie de bénéficier de cette technologie. Chacun a promis de mettre cela en pratique dans son périmètre.
De l’initiative de cette activité…
Le riz est la céréale la plus cultivé dans le monde après le blé (FAO, 2023). En effet, Sa culture s’étend constamment et tend à se substituer dans divers pays de l’Afrique. Ces 20 dernières années, il est devenu la principale céréale consommée en Afrique de l’ouest avec un accroissement annuel de 4% de la consommation (FAO, 2013).
Au Burkina Faso, la production du riz occupe une place importante. Malgré une augmentation des superficies rizicoles et la promotion des variétés améliorées à haut rendements et l’utilisation accrue des intrants, force est de reconnaître que la production nationale de riz n’arrive pas à satisfaire toute la population. Des milliards de devises sont annuellement mobilisés pour l’importation de près de 60% des quantités nécessaires pour couvrir les besoins en riz.
C’est pourquoi, le gouvernement Burkinabè, conscient du rôle majeur du secteur rizicole dans l’atteinte de la sécurité alimentaire, a lancé le vaste programme de soutien à la riziculture dont la feuille de route est consignée dans la « stratégie nationale de développement de la riziculture au BF », en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire à l’horizon 2027. Malheureusement, ce programme n’a pas obtenu l’effet escompté. Cela s’explique par diverses causes. En effet, entre le manque d’efficacité technique notamment la faible diffusion des technologies à haut rendement (Gero, 2020 et Khan et al., 2017) et le mode d’application des engrais par épandage couramment pratiqué par les riziculteurs occasionnant des pertes énormes en nutriments estimées entre 60 et 70% avec des effets négatifs sur l’environnement, des travaux antérieurs ont clairement établi que les carences en éléments minéraux notamment en azote et phosphore sont les principaux facteurs limitant les rendements des sols irrigués et des basfonds rizicoles (Yaméogo et al., 2013 ; Bandaogo et al., 2016).

Le projet FONRID/AAP9/NCP/PCD/2022 pour renverser la tendance …
Pour réduire cette dépendance vis-à-vis de l’extérieur, un consortium de partenaires, constitué de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), de l’Université Nazi Boni (UNB), l’Université de Dédougou et l’Union des Coopératives Rizicoles « Faso Djigui » de Bama (UCRB), a soumis et obtenu le projet « Amélioration de la productivité du riz irrigué à travers l’utilisation du biochar de balles de riz et du placement profond de l’urée ». Financé par le Fond National de la Recherche et de l’Innovation pour le Développement (FONRID), il vise globalement à améliorer la productivité du riz irrigué et est mise en œuvre dans la région des Hauts-Bassins. Dans sa mise en œuvre, il permettre non seulement d’augmenter l’efficacité agronomique des fertilisants, mais aussi à améliorer les propriétés physico-chimiques du sol en riziculture irriguée ainsi que les rendements du riz paddy.
Sié PALENFO